Transports et mobilité en Espagne : regards de la géographie espagnole
n° 19 - 2023
Juan José CALVO-MIRANDA
Maître de conférences de Géographie. Universidad Pública de Navarra. juanjo.calvo@unavarra.es
À la fin du XXe siècle, la municipalité de Pampelune a jugé nécessaire de construire une nouvelle gare routière pour la ville car la gare existante, inaugurée en 1934, était saturée et n'avait aucune possibilité d'extension, pour cause d’occupation d’un îlot dans le Segundo Ensanche[1].
Le choix de son emplacement était très pertinent, étant donné que le transport collectif interurbain de voyageurs en Navarre s'effectue principalement par autobus. Il était envisagé de l’implanter à la périphérie de Pampelune, où la nouvelle gare ferroviaire à grande vitesse était prévue, lui conférant ainsi un caractère multimodal. Finalement, la municipalité décida de construire la gare routière en centre-ville, à proximité de l'ancienne ; les travaux s’achevèrent en 2007. Cet emplacement en fait un point de repère et permet aux voyageurs d'accéder facilement à la principale zone commerciale et aux services de la capitale, par exemple au Palais des Congrès et à l’Auditorium.
Plus précisément, il a été décidé de l’implanter dans un espace à côté de la Citadelle (XVIe siècle), considérée comme l'un des meilleurs exemples d'architecture militaire de la Renaissance espagnole et protégée par la législation patrimoniale en tant que bien d'intérêt culturel. Le monument est une référence urbaine, puisqu'il fait partie des défenses historiques de la cité pyrénéenne, et offre un espace vert de 280 000 m² (Photo 1).
Afin de minimiser son impact, la gare routière a été construite en sous-sol, sous le glacis de la fortification, et recouverte d'herbe. A l'extérieur et parallèlement à l'avenue, seul un grand auvent (107 m de long et 8 m de large) émerge pour l'accès piéton. Fait de verre, il permet de voir la fortification - en particulier le ravelin[2] de Santa Lucía, réhabilité, qui avait été démoli au XIXe siècle ; son toit est couvert de panneaux photovoltaïques. Au centre de l'avenue, on trouve d’un côté des rampes d'accès des véhicules au bâtiment, tant du nord que du sud, ainsi qu’un parking pour les vélos ; et d’un autre côté, des arrêts de bus urbains, qui relient la gare et l'aéroport, ainsi que des taxis (Photo 2). Actuellement, 14 sociétés de transport offrent de nombreuses liaisons régionales, nationales et internationales.
L’équipement est divisé en deux ensembles, la gare routière et le parking, et comprend trois niveaux :
Bref, ce projet a réussi à intégrer le transport, le patrimoine et la durabilité dans une seule installation.
[1] Les ensanches correspondent aux nouvelles formes urbanistiques qui, à la suite d’Idelfonso Cerda à Barcelone, ont été plus ou moins reprises dans les autres villes espagnoles. L’ensanche s’oppose par la géométrisation de l’espace, la construction dupliquée d’îlots identiques et le recours à la lumière, à l’hygiénisme, à la partie héritée de l’époque médiévale.
[2] En architecture (fortification) : un ravelin est “une espèce de demi-lune, ou de mur à coin obtus, destiné à protéger les angles des bastions”.
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